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Celui qui s’appelait d’abord Jacob est né à Saverne (Bas-Rhin) en 1802, dans une famille juive de stricte orthodoxie. Fils de Rabin, il se destine à être lui-même rabbin, mais le contact avec le monde extérieur, à Metz, le perturbe profondément et, en 1826, il avoue ne plus croire à la Bible. Après un long et douloureux cheminement, il s’installe à Paris où l’attend une conversion soudaine au catholicisme.

Conversion et de longues épreuves

Un jour de novembre 1826, il se met à prier en suppliant le Dieu de ses pères. « Tout aussitôt, raconte-t-il, je fus éclairé et vis la vérité. La foi pénétra mon esprit et mon cœur. » Baptisé, celui qui s’appelle maintenant François entre au séminaire Saint-Sulpice à Paris. Apprenant son apostasie, son père le maudit. En 1829, la veille de son ordination au sous-diaconat, François est terrassé par une crise d’épilepsie qui pendant douze ans, lui barre la route à la prêtrise. Il expérimente la souffrance physique : « ma chère maladie est pour moi un grand trésor », écrit-il à son frère médecin. Il expérimente humiliation, incompréhension, obscurités intérieures. Durant cette longue épreuve, il est envoyé au Séminaire d’Issy-les-Moulineaux, mis à disposition de l’économe comme commissaire, nettoyeur de parc ou cireur de plancher. Il devient aussi le directeur spirituel de nombreux séminaristes, de prêtres, de laïcs avec qui il entretient de fréquentes relations épistolaires. Avec l’accord de quelques professeurs, il réunit les séminaristes en « bandes de piété ».
En 1873, M. Louis, le restaurateur des Eudistes en France, le sollicite pour être maître des novices de sa congrégation à Rennes. Il y reste deux ans, aux prises avec de réelles difficultés dans cette tâche délicate, avec des épreuves spirituelles qui le remettent entre les mains de Dieu pour devenir l’instrument de sa miséricorde.

L’Œuvre des Noirs et la fondation du Saint-Cœur de Marie

En 1839, dans une illumination intérieure, il comprend que Dieu lui destine une place dans l’Eglise : fondateur d’un institut missionnaire pour le salut de la race noire ! Parmi les fervents des bandes de piété de Saint-Sulpice, deux séminaristes créoles, Frédéric Levavasseur de Bourbon (La Réunion actuelle) et Eugène Tisserant, de famille haïtienne, rêvaient de se mettre au service des esclaves dont ils avaient connu le sort misérable. Ils souhaitaient fonder une société de prêtres, l’Œuvre des Noirs et François les avait encouragés. Mais après avoir entendu l’appel de Dieu, le voilà qu’il se lance lui-même dans l’aventure. Il quitte Rennes et se rend à Rome pour plaider le dossier. La réponse de Rome est positive. Guéri, il est enfin ordonné prêtre à Amiens. Il fonde la congrégation du Saint-Cœur de Marie, pour l’évangélisation des plus abandonnés, avec une priorité pour le continent noir. Il ouvre le noviciat à la Neuville, aux portes d’Amiens. Les jeunes gens que la réputation de sainteté de François attire, accourent. Il les forme à la vie missionnaire : « Jésus Christ nous envoie comme il a été envoyé. Notre mission est la sienne, c’est Jésus qui vit dans ses envoyés, qui souffre dans ses envoyés, qui attire les âmes à Dieu son Père et leur communique les grâces par ses envoyés ». Il leur communique une mystique d’amour et de service envers les plus abandonnés, dans un esprit d’humilité, de fraternité, d’accueil et de disponibilité : « Dépouillez-vous de l’Europe, de ses mœurs, de son esprit. Faites-vous nègres avec les nègres. Faites-vous à eux comme des serviteurs doivent se faire à leurs maîtres ».
Les dix premiers missionnaires partent le 13 septembre 1843. Ils mourront de maladie, peu de temps après avoir mis le pied sur les côtes africaines. Mais l’élan a été donné et les départs en mission seront ininterrompus.

Supérieur de la Congrégation du Saint-Esprit

En 1848, la société du Saint-Cœur de Marie fusionne avec la congrégation du Saint-Esprit, fondée en 1703 par Claude-François Poullart des Places, et le Père Libermann en devient le onzième Supérieur général. A ses missionnaires, il commente dans ses lettres le sens profond de ce qu’il dénomme « la vie apostolique ». Au fil de sa correspondance, il se révèle comme l’un des grands maîtres spirituels, mettant en lumière, à partir de sa propre l’expérience, l’action du Saint-Esprit au cœur de la vie et de l’engagement des hommes.
Agé de 50 ans, il meurt au soir de la Fête de la Présentation du Seigneur, le 02 février.

Le décret reconnaissant l’héroïcité du serviteur de Dieu, déclarant Vénérable le Père Libermann, est publié le 19 juin 1910.
Quelque 1800 Lettres spirituelles ont été publiées ainsi que ses Ecrits spirituels, ses Instructions aux missionnaires et son Commentaire de saint Jean.

Etapes de la vie de François Libermann

  • 12 avril 1802 : Naissance à Saverne
  • 24 décembre 1826 : Baptême à Paris
  • 1826-1827 : Philosophie au collège Saint-Stanislas à Paris
  • 1827-1831 : Séminaire de Saint-Sulpice
  • 1831-1837 : Séminaire d’Issy-les-Moulineaux
  • 1837-1839 : Noviciat des Eudistes à Rennes
  • 28 octobre 1839 : l’appel missionnaire
  • 3 décembre 1839 : départ de Rennes pour Rome
  • 1840-1841 : séjour à Rome
  • 27 mars 1840 : Présentation à la Propagande de son premier mémoire sur l’Œuvre des Noirs
  • 18 septembre 1841 : Ordination sacerdotale à Amiens
  • 25 septembre 1841 : Messe de fondation de la société de Saint-Cœur de Marie à Notre-Dame-des-Victoires, à Paris.
  • 27 septembre 1841 : Ouverture du noviciat à La Neuville, près d’Amiens.
  • 13 septembre 1843 : Envoi des premiers missionnaires en Guinée
  • 15 août 1846 : Présentation à la Propagande d’un mémoire
  • Sur les missions des Noirs en général et sur celle de Guinée en particulier
  • 1848 : Union de la Société du saint-Cœur de Marie avec la Congrégation du Saint-Esprit.
  • 1852 : Décès à Paris.
  • 19 juin 1910 : Pie X le déclare Vénérable.

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